EDITO
Initialement, ils ont pris la forme de bâtons se répétant autant de fois que nécessaire pour mesurer ou évaluer.
D’origine indienne il y a 40 siècles, ils ont été adoptés par les Arabes. Ils sont dits cabalistiques pour illustrer la symbolique. Placés derrière une virgule, ils font le bonheur des pointilleux. Certains disent qu’ils sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes : ils fournissent bien plus un appui qu’un éclairage. Si avec les mots on rêve, avec eux on compte. D’ailleurs le bonheur matériel ne repose-t-il pas uniquement sur eux ? On peut les habiller, voire les travestir habilement. Ils sont comme les gens, si on les torture, on peut leur faire dire n’importe quoi. Savamment triturés ou manipulés, ils peuvent devenir alibis pour servir une cause. Matière première pour les sondeurs et les statisticiens, il arrive qu’ils fassent l’objet d’interprétations subjectives pour justifier un objectif, un résultat ou étayer une théorie. Ils immatriculent les personnes et les biens, ils jalonnent notre vie quotidienne en matérialisant les systèmes de gestion financière, management, prix, taux, poids, surfaces, volumes, âges, richesses, distances, horaires, etc. Reconnaissons très vite que nous ne pourrions pas nous passer d’eux et sûrement pas nous priver des compétences de ceux qui ont choisi de leur consacrer leur vie professionnelle. Vous avez deviné j’évoque les chiffres qui, regroupés, deviennent nombres.
Quel rapport, direz-vous, avec l’AJR et son bilan d’activités 2023 présenté lors de la dernière assemblée générale ? (lire en pages intérieures). Simplement pour rappeler de manière originale que depuis 23 ans, notre association se positionne rigoureusement à l’écart de toutes les pressions et influences mercantiles ou concurrentielles, que les chiffres annoncés sont transparents, et, comme disent les commissaires aux comptes, qu’ils sont sincères et véritables. Leur réalité met en lumière, cette année encore, le volume impressionnant d’heures d’activités bénévoles effectuées et le nombre trop faible de volontaires souhaitant bénéficier d’une aide au retour à l’emploi (100 parrainages en 2023, dont seulement 65 entrées) Signe des temps, phénomène cyclique ou situation récurrente ? Difficile de répondre à cette question souvent posée depuis trois ans. Dommage quand même que parmi celles et ceux, encore nombreux, qui constituent le « fonds de commerce » des acteurs officiels de l’emploi, très peu saisissent l’opportunité d’avoir recours à un dispositif de proximité unique, efficace et gratuit pour intégrer ou réintégrer le monde du travail.
Alors, 2024, année du sursaut ? On y croit !
Jean-Louis SARAUDY
Co-président de l’AJR